La technique du jeu de jambes au filet

Le jeu au filet est l’aboutissement, la finalité  du jeu vers l’avant, du jeu offensif au tennis. C’est à dire prendre du temps à l’adversaire au point de frapper avant rebond, détrônant la fameuse prise de balle recherchée par bon nombre d’attaquants. En effet, être à la recherche de la rupture de l’échange par une volée gagnante, une faute provoquée (coup qui déstabilise), ou une faute directe (souvent due au fait de mettre la pression à l’adversaire en montant), est tactiquement, mentalement, techniquement et physiquement bien différente d’une approche plus défensive, où la régularité sera la clef de voute du joueur.

Cette filière de jeu, à l’image d’un Mc Enroe , Edberg, Rafter, Henman, Stepanek ou encore de Sampras, est dans le tennis  actuelle moins présente. Le jeu est beaucoup plus rapide, les joueurs sont meilleurs physiquement, mentalement (la préparation mentale est très présente) et donc les volleyeurs ont du mal à être efficaces tout un match, sur tous les joueurs en montant tout le temps. Les défenses sont meilleures et ainsi, le jeu se construit plus du fond du court et l’on vient globalement finir son point au filet lorsque le joueur a un réel ascendant sur son adverse, et qu’il s’agit de conclure. Malgré ce constat, c’est un style de jeu spectaculaire, acrobatique, qui demande également beaucoup de force mentale, et un certain «courage» pour se mettre en danger en permanence.

La course de montée

Lorsque le joueur a l’intention de monter à la volée, la première action à effectuer est de passer de la ligne de fond du court à un positionnement à l’intérieur du carré de service. Plus l’attaque va être décisive, plus le joueur peut être proche du filet. A l’inverse, si l’attaque est moyenne, il sera de mise de garder une légère distance pour anticiper un éventuel déplacement latéral ou de recul en cas de lob. Quoiqu’il en soit cette course vers l’avant, de l’attaque à la reprise d’appuis, doit se faire dans le timing du point. Plus le jeu est rapide, plus cette montée doit se faire vite pour être bien placé pour effectuer sa volée, à savoir « au bon endroit au bon moment ».

La reprise d’appuis et le placement

La reprise d’appuis à la frappe adverse est fondamental dans l’exécution d’une bonne volée. Elle permet déjà de ralentir sa course, car on est lancé vers l’avant et il sera impossible de contrôler sa volée, et d’être précis techniquement si elle est absente. Elle doit se faire dans un parfait timing en rapport avec son propre rythme et le rythme du point. De plus, c’est le moment de la prise d’informations sur la frappe adverse, de l’anticipation et du placement adapté à la situation (volée de finition, volée d’approche, smash).

Le placement est fonction de trois situations différentes :

• La frappe adverse latérale oblige un ou plusieurs pas d’ajustement juste après la reprise d’appuis pour aller frapper la balle en équilibre. Ces pas d’ajustement vont être nécessaires globalement dans 50% des cas.
• Le volleyeur est sur la balle et se place dans l’enchaînement de sa reprise d’appuis.
• Le joueur est lobé, recul en pas chassé et se replace en appuis en ligne ou smash en « ciseau » si le joueur est en retard.

L’attitude du volleyeur

Elle doit être très dynamique du début à la fin de l’action et conditionne l’efficacité de la séquence au filet. Durant la reprise d’appuis, le joueur doit plus écarter les appuis pour avoir un centre de gravité plus bas sur sa position d’attente que sur sa ligne de fond de court. Le poids du corps est sur l’avant des pieds. Tout en restant très fléchis,  le volleyeur doit se rendre très réactif, en bougeant beaucoup (les deux pieds en même temps et non alternativement), l’œil fixé sur la balle, la commande des jambes étant les yeux. Cet état de vigilance physique et mental sera la clé pour avoir un maximum de réflexes et d’efficacité, dans ce secteur de jeu qui ne tolère pas une attitude passive, défensive, sans intention offensive.

Le transfert du poids du corps (Weight Dispatch)

Le transfert du poids du corps est l’un des axes majeurs pour allier contrôle et puissance, notamment sur la première volée qui est décisive. La poussée de la jambe d’appuis (droite pour un droitier) déclenche la frappe et la pose du pied gauche se fait à l’impact ou légèrement après sur volée basse ou volée haute. Sur le smash, le joueur se place en appuis en ligne et doit chercher un équilibre maximal avant la frappe, en s’ajustant. Il prend équilibre sur sa jambe arrière et revient sur sa jambe avant pour pousser en direction de la zone de jeu désirée. Pour un smash en ciseau, très acrobatique, le joueur en déséquilibre arrière dans son mouvement de recul en pas chassé, va au moment de la frappe pousser sur son appuis arrière droit, pour sauter et revenir sur au sol sur le pied gauche (pour un droitier).

Le replacement

Tous les bons volleyeurs ont le réflexe de se replacer très vite, car ils disposent de moins de temps qu’au fond du court pour couvrir le terrain. Il est important de ne pas être spectateur de son propre coup. Le replacement doit se faire latéralement en pas chassé en restant fléchis. Le placement doit être fait en fonction du coup précédent pour bien fermer les angles et ne pas laisser d’espaces libres. Durant ce replacement, l’attitude sur les jambes doit rester très dynamique, fléchie sur les membres inférieurs et en mouvement.

En conclusion, il est important de préciser que les volleyeurs se retrouvent souvent dans des postures corporelles inadaptées, en déséquilibre. Cela est dû au fait que le jeu va très vite, et qu’ils font  ce qu’ils peuvent pour toucher la balle et tenter de la remettre de l’autre côté du filet, sans respecter sur toutes les volées les paramètres techniques cités précédemment. C’est ce qui fait le caractère spectaculaire de cette filière de jeu. Ainsi, l’attitude globale, la vigilance mentale et la tonicité du jeu de jambes seront fondamentales pour pallier aux exigences de cette filière de jeu.